Elle se tend, bascule l’arrosoir.
L’eau ruisselle.
Son bras frôle la feuille.
Au contact de la verte penne, sa peau frémit.
Elle ressent, là, sur quelques centimètres de derme,
La légèreté de la vie.
Son index s’attarde,
Il parcourt doucement les frondes.
Sous la caresse, le végétal délicatement se replie,
S’offre à la chatouille du doigt.
Il gazouille dans le silence d’un émoi.
L’instant se suspend,
La fougère respire
Alors qu’elle soupire.
Une larme perle.
Dans son humidité saline, déferlent l’amour,
Le bonheur et la mélancolie mêlés de colère.
Sa folie.
Belle plante jolie,
Sais-tu comme ton contact sur son corps éveille le primitif,
De l’ordre de l’univers l’instinctif.
La terre, ses équilibres, sa magie.
Nous oublions que nous sommes chacun le fruit d’une incroyable équation,
Le résultat d’une inconcevable probabilité.
Alors que nos humanités s'étiolent,
Nous devrions chérir la lumière qui filtre timidement
Entre les crosses et les pétioles…