Parfois le bonheur est là, fugace, fragile, anodin et léger.
Ni plus ni moins léger que le poids d’une courgette et d’un économe.
Je tiens le vert et froid légume dans la paume de ma main, mes doigts refermés sur son corps n’ont pas une seule seconde vacillé. Ils n’ont pas fléchi, ils n’ont pas vrillé de la moindre petite violacée tonalité.
Rien.
Aucun petit picotement ne les a balayés.
Pourtant le légume est froid. Il est gelé même. Mes phalanges plus fort l’enserrent. Faut-il avoir senti la mort gagner le bout de ses extrémités puis la vie y pulser et le cœur y palpiter pour savoir ce petit plaisir de rester simplement à température.
Eplucher ses légumes sortis du réfrigérateur.
Juste ne pas avoir à reposer le végétal pour qu’il se réchauffe, ne pas avoir à se presser les articulations pour les faire revenir à la vie, ne pas frissonner sous l’engourdissement, ne pas ressentir la brûlure. Juste éplucher ses légumes.
Je veux chaque petit instant goulument savourer comme le déshabillage de la pelure tendre de ce cucurbitacée. Merci…
PS. Il y a 6 ans que je n'avais pas passé une journée sans crise de Raynaud...
LE FRUIT
Croquer un fruit est voyage.
Expérience d’une délicate fleur devenue corps,
Frêles pétales revêtues d’une juteuse chair,
Tendresse parvenue à maturité,
Parcours de saisons, joie et magie d’un cycle.
Le sucre sur la langue avec délicatesse fond.
Mais par-delà les papilles, file l’amertume de ce monde.
Parviennent cris, tintements d’egos,
Absurdités, profits, cruautés, souffrances et bruits de bombes.
La vie mérite des salades de fruits,
La mort fauche assez tôt pour creuser des tombes.
A venir...
De musique et d’ivresse
Bain de nuit et tendresse
L’esprit abdique
Sous de fatidiques caresses
Tumultes, élans de danse
Sensualités « bordréliques »
Suaves temporalités
Voyages en destinée…
VIVRE
Elle glisse en brûlures
Dans chacune de mes fêlures
Suinte par mes gerçures
File le long de mes blessures
Gouleyante et attendrissante
Suave et appétissante
Cette vie, or en résurgence
Ma violente urgence
Elle claque
Me détraque
Se fond
Se morfond
Des tréfonds
Au plafond
Ma passion