Je ferme les yeux.
J’invoque de l’écriture les dieux et je fais un vœu pieux.
Partir.
Au loin quitter ce monde.
Vaciller dans les limbes de mon esprit.
Voyager dans l’ailleurs.
Une transe, une danse avec le clavier, je me balance d’un doux va et vient au-dessus de la table.
L’oxygène s’engouffre par salves,
Les alvéoles de mes poumons délave
La moindre de leur enclave.
Il vivifie le corps,
Il renait de la mort.
Les mots qui par-delà le temps fendent les cieux,
Par mon esprit percolent,
Sur ma page, ils s’encollent.
Ils me réveillent, m’embrasent et m’illuminent.
VIVANTE.
2025, autour de nous se presse l’étau.
IA.
Je pleure
Comme une conne sur ma feuille et mes lettres,
Parce que j’effleure cette chose qu’aucune intelligence artificielle ne peut saisir.
Le frémissement qui devient bouillonnement,
Le susurrement qui devient assourdissement,
Le murmure qui devient vocifération.
Je n’écris pas. Je subis mes personnages, je vibre de leurs douleurs, ris de leurs joies.
Je mute,
Je permute,
Je perfore,
Je performe,
Je forme,
Je transforme.
L’art n’est pas un produit, la littérature n’est pas livre, la peinture n’est pas tableau.
L’art est un acte, un geste, une respiration, un mouvement de l’âme.
N’oublie jamais que l’IA en est incapable aussi beau soit le produit qu’elle livre.
Remets-là à sa place,
Elle est outil, point cœur qui bat
(sans parler de son coût environnemental pour un truc dépourvu de systoles et diastoles, cela en vaut-il vraiment la peine ?)