La surface brillante se rapproche.
Ses miroitements me contraignent à cligner des yeux.
Je tremble, resserre plus fort mes doigts autour des pennes.
L’oiseau baisse la tête.
Sa collerette immaculée saille sur l’air poisseux,
Il se colle, rabat un fin duvet sur son cou dénudé.
Le géant fonce, plane, ses ailes me portent.
Rien de lui ne bouge,
Seule sa caroncule bat et rougeoie.
Son œil jaune est immobile.
Il fixe, rien ne cille.
Il est sûr, repère les bâtiments,
Les souffles entre les masses,
Vif et alerte du moindre mouvement.
Il file.
Le vent m’envahit.
Son vol entre-ouvre le chaud brouillard moite déposé sur la ville.
Corniches et dalles sous sa lourde ombre défilent.
Il fend le vicié et l’humide.
Quelques rayons nous frappent,
La lumière sur ses plumes ricoche, majestueuse inondation de blanc et de noir.
A mes tympans l’air frotte et siffle.
Timide vacillement, il relève le bec,
frôle le verre et les vitres.
Au-delà d’une tour dans un piaulement bleu,
Le condor m’emporte…
