Souvenir d'Arche

Je gravis les marches,

Lentement, une à une.

Le vent soulève mes boucles, emplit ma nuque et mes narines.

Il s ‘immisce contre mon corps.

Je monte,

Ecarte les doigts pour le laisser me prendre.

Il file entre l’index et le majeur, se faufile le long de mon poignet, emplit ma manche.

 Il s’enorgueillit.

Plus je m’élève et plus mon corps, il possède, il caresse mes mollets,

Tourbillonne sur mes genoux, frôle mes cuisses, enrôle mon âme.

Je poursuis l’ascension.

Les hommes parcourent des kilomètres pour ressentir le frisson des espaces, rêver sur des montagnes, des océans, des plages.

Je l’éprouve là,

Au milieu de leurs constructions et de leurs élévations.

Je l’avoue, je le crie.

J’aime le béton.

L’univers se donne partout, même dans la poussière et la crasse moite.

Il est plus encore intime de le percevoir, de le recueillir.

Le ressentir dans le vortex hurlant

Et brûlant des villes.

Ce souffle silencieux parfois à l’agonie résiste, pleine métaphore de nos vie en fragile équilibre. 

Rugosité et douceur, suavité et dureté, uniformité et milliers de tonalité…

Béton, bitume, caniveaux, toitures.

Là-haut, je me retourne, je fais face. L’air est plus vif.

Sur le fond livide,

Des nuages pressés prestement défilent, sur les passants, menacent de s’abattre.

Les piétons accélèrent en automates,

Fourmis de la mécanique d’une terrible machine qui sur eux chaque jour se referme.

Partout des bras métalliques gratouillent le ciel.

Sous la brutalité du choc, j’inspire.

Je voudrais tant de fois maudire ce vent et cette lumière.

Elle perce entre les nimbus, de partout m’imbibe.

Tel un baba je gonfle de cet urbanisme.

A mes pieds, dans une âpreté étale, il palpite.

Je me tiens là, sans défense…  l’Arche.

Coup de foudre, de spleen, d’être.

Les éléments se mêlent.

Je mute d’air,

De pâle et grise lumière,

De granit, de béton et de verre.

 

Urbanisme de dalle

Contre toi mon cœur s’empale

Urbanisme épuré…

… Rappel de fraternité

 

(Une émotion ressentie il y a 25 ans. Notre corps est un merveilleux flacon, j'avais gardé cette photo prise à l'appareil jetable, cliché unique. Nous accumulons tant de choses dans nos smartphones. En 2025, tout va très vite et parfois juste un instant peut arrêter le temps, c'est à la portée de tous et partout. J'aime que mon cœur palpite et nage au bord de mes yeux, je crois que c'est pour cela que j'aime autant la poésie ❤)

 


Grise ?
Méprise...
Pierre blanche, verre, acier
Brique jaune, rouge, édifices dorés
Colonnes, façades colorées
Vert, tumultes tabac et reflets glaciers
Éprise ?
See you soon...